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Antoine Courtin : “Les micros ont ce côté magique”

Alix Plancade 18 juin 2020
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À la découverte du monde caché de la radio, avec le réalisateur de l’émission Relax ! du lundi au vendredi entre 15h et 17h sur France Musique.

Pourquoi as-tu décidé d’entrer dans le monde de la radio ?

Quand j’avais 6 ou 7 ans j’écoutais au moment du déjeuner une émission qui s’appelait Le jeu des milles francs avec mon grand-père. Les sujets de questions étaient vastes donc ça nous permettait de parler culture ensemble. Adolescent j’allais souvent le samedi après-midi à la maison de la radio où il y avait des émissions en public. Ou aussi au Café de la Gare, où se tenait l’émission Bienvenue à bord du Titanic, et pour y rentrer en tant qu’auditeur on devait se mettre un panier à salade sur la tête.

Après en 1980 est arrivé l’éclosion des radios libres, donc je passais mes nuits à écouter des chaines où il y avait des reportages un peu fantaisistes. J’écoutais aussi beaucoup une émission où il y avait de petites pièces de théâtre avec énormément de bruitages, ça me fascinait. C’est ce qui m’a donné envie de me diriger vers le son.

Je baignais aussi dans la musique classique depuis petit. Mes parents ont participé à la création d’un festival, donc entre mes 13 ans et mes 20 ans j’y ai pris part, que ce soit à la régie technique ou bien en tant que chanteur dans les choeurs. Et puis je faisais moi-même de la musique, j’ai fait de la trompette au conservatoire, du trombone, j’ai aussi fait une fanfare pendant longtemps avec des amis, pour nous amuser.

Une émission qui t’a marqué ?

Le tribunal des flagrants délires de Claude Villers, c’était une émission d’humour où il y avait un invité, et c’était drôle à mourir, c’est une émission qui m’a beaucoup marqué. Il y a aussi une émission, en public à la maison de la radio, qui invitait des musiciens et qui s’appelait Désaccord Parfait de Jean-Michel Damian.

Quel a été ton parcours ?

J’ai fait une fac de cinéma, puis en 1992 j’ai eu un contrat de formation d’alternance entre Radio France et l’INA. Donc j’apprenais autant la technique dans la prise de son que la direction de comédiens. Au bout d’un an j’ai été embauché à Radio France. J’ai d’abord été pris à France Culture comme assistant à la réalisation, c’était plutôt sur des pièces radiophoniques ou des documentaires. Après mon truc c’était la musique classique donc je me suis plus axé là dessus au fil du temps et je me suis tourné vers France Musique. J’ai voyagé dans différents pays pour des émissions, comme au Japon ou en Italie, et j’ai fait des enregistrements de concerts classique un peu partout en France. Puis pendant 10 ans j’ai fait la matinale de France Musique. Ça ne fait que depuis un an que je suis à Relax.

Comment sont préparées les émissions ?

On est trois à faire l’émission. Il y a moi, le réalisateur qui assure le direct ; il y a Lionel Esparza, le producteur, donc la personne qui parle au micro ; et Flora Starnadel qui est l’attachée de l’émission. On discute tous les trois d’idées par rapport aux actualités, en repérant des concerts ou des artistes qui seraient intéressant d’inviter. C’est Flora qui contacte les musiciens, moi je fais tout ce qui est recherches sonores et biographiques des musiciens, et je choisis ensuite les musiques. Je fais un conducteur d’émission avec les temps de musique, les temps de parole etc. Pendant le direct je travaille avec un technicien et je suis un peu comme un chef d’orchestre, je veille au bon déroulement de l’émission.

Que t’a apporté ce métier ?

C’est un métier où tu es dans l’ombre, mais qui reste très gratifiant. Il faut savoir écouter l’autre, et surtout pouvoir faire face à des situations de grand stress. Une minute en radio, c’est énorme, tu as le temps de faire pleins de choses, et souvent on change un truc une minute avant. Ça m’est arrivé de recevoir une actualité, qui était une fake news, et donc de devoir écrire une toute nouvelle émission, au cas où, en à peine un quart d’heure. Donc ça apprend à gérer les situations d’urgence avec calme. Je me suis aussi ouvert musicalement, sur des interprétations différentes, ça m’a permis d’évoluer dans mes goûts et de les diversifier. Ça m’a rendu un peu moins “vieux con”.

Une personne que tu rêverais de recevoir dans ton émission ?

Le baryton José Van Dam. Et aussi ma plus belle rencontre à la radio, c’était il y a longtemps en 1994 à Milan, avec Renatta Tebaldi, une grande chanteuse italienne. J’avais eu la chance d’enregistrer une série d’émissions avec elle, on était tous allé déjeuner dans Milan, c’est un super souvenir.

Comment vois-tu l’évolution de la radio dans le futur ?

Malheureusement je vois une évolution avec beaucoup moins de contact humain, et où le son aura beaucoup moins d’importance que l’image, que la diffusion sur les réseaux sociaux. Je vois plus une radio dans la rentabilité que dans la qualité sonore. On a déjà beaucoup moins de moyens qu’avant, quand je faisais des documentaires sur France Culture parfois j’avais des moyens colossaux. J’ai le souvenir d’avoir passé 4 heures à écouter différents sons de clochers dans les alpes pour trouver le bon, alors que maintenant c’est un peu à la va vite et dans la rentabilité. Presque toutes les émissions sont filmées, et quand on est un invité, ça peut parfois influencer le discours. Les micros ont un côté magique, et je trouve que l’on fait plus attention au contenu lorsqu’on a uniquement des voix.

Pour en savoir plus sur l’émission Relax ! rendez-vous sur le site.

Propos recueillis par Alix Plancade.

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